de chair et de sang
- Laurence Bourassa-Lapointe
- 23 mars
- 3 min de lecture
Écrit le 21 mars, sous une lune décroissante en Sagittaire
ARGHHHHHH
Que faire de tout cet espace?
en attendant que les idées ne viennent
que l’inspiration cogne à la porte
je sais que j’attends un shift qui viendra
bien assez tôt
je le sais, je le sens
mais que faire en attendant?
j’ai de la difficulté à attendre calmement
que faire dans l’attente?
comment combler le temps?
je me dis que peut-être que créer peut m’aider
créer pour passer le temps
et aussi pour faire sortir de moi ce mal-être
qui en ce moment m’habite
ahh, à quel point une partie de moi aimerait être parfaite
ahh, comme une partie de moi aimerait être l’image que je me fais de moi
calme, posée, douce, parfaite
une petite poupée de porcelaine
qui sourit, qui sourit
les cheveux toujours propres
les yeux pétillants
toujours là pour tout le monde, mais là pour elle-même aussi
sa maison est toujours propre
sa vie en ordre
petite poupée parfaite
ahhh, comme j’ai tenté de jouer ce rôle
mais plus je m’accroche à cette image, plus elle me fuit
parce que je suis aussi une vilaine sorcière
les cheveux gras, les meubles poussiéreux
je ne veux pas qu’on me dise quoi faire
la voix à l’intérieur de moi qui me juge, je cherche à la faire taire
JE NE VEUX PAS ÊTRE UNE POUPÉE!
je veux être faite de chair et de sang
et je veux me laisser le droit de pouvoir blesser les gens
sans avoir peur que ceux-ci ne cessent de m’aimer
je veux me laisser le droit d’être imparfaite, d’être chaotique
et de laisser aux gens la capacité de m’aimer
malgré cela
oh, mais je le vois
la seule personne qui ne m’accepte pas telle que je suis
c’est celle qui se regarde dans le miroir
et qui a peur de ne pas être aimée si elle ne joue pas le rôle
de la petite poupée
oh, mais oui
je suis ma propre tortionnaire
je suis ma plus grande critique
et plus je cherche à mon contorsionner
plus je cherche à écraser ma vraie nature
celle qui sauvage, celle qui est en désordre, celle qui rage et qui aimerait que le monde aille mieux
plus celle-ci se rebelle
et crée des raisons pour me faire honte
pour me faire ressentir cette sensation de ne pas être assez
cette sensation qu’il y a un problème avec moi
parce que je blesse les autres
possiblement
Et si j’acceptais cette possibilité?
tout en mettant également en perspective tout le bonheur que je crée?
et si je cessais de penser qu’à la moindre petite pointe, à la moindre éraflure
les gens cesseraient de m’aimer?
et si
je me laissais droit à l’erreur?
et si
je ne négligeais pas la prise en compte de mes comportements piquants
sans toutefois m’y accrocher?
et si
je m’offrais la possibilité de réparer, sans me précipiter
et si
je m’acceptais exactement telle que je suis?
alors
qui serais-je donc, si je m’acceptais exactement telle que je suis?
peut-être que ça ouvrirait un portail en moi
qu’est-ce que je créerais, si je ne me limitais pas
par mon désir d’être comprise ou utile, ou appréciée?
qu’est-ce que je créerais, si je ne le faisais que pour moi?
pour des armées de moi qui, je le sais, aimeraient ce que je fais?
je créerais des contenus bruts
probablement confrontants
je créerais des images miroirs avec la nature
qui s’exprime en moi
la rage, la peine, l’amour
la peur, la liberté, la confusion
la joie
je mettrais des gestes et des mots sur l’expérience humaine
sans chercher à les perfectionner
juste
en
les laissant être
tels qu’ils sont
tout comme je me laisserais
être
telle que je suis
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